Après l’échec des négociations entamées vendredi après-midi sur le port, la situation s’est brusquement crispée, le calme apparent du début des discussions semble laisser place à un bras de fer entre les manutentionnaires et les ouvriers dockers.
Le climat va donc vite se dégrader vendredi dans la soirée, sur le coup de 21h alors que les discussions étaient à peine engagées entre les deux parties, manutentionnaires d’un coté et les syndicats d’ouvriers du port : STPFF, CGTM, CFDT, et CNTPA.
Que s’est-il passé ? Pourquoi les patrons ont décidé de quitter la table des négociations.
De toute évidence, les patrons étaient gênés de voir se constituer une unité syndicale dans le cadre de la négociation, alors que la veille encore seul le syndicat STPFF alimentait le mouvement de protestation.
Il faut juste rappeler que si des négociations se sont engagées sur la prime « Roro », elles le sont dans le cadre de la procédure de révision de la Convention Collective et donc ne répondent pas à la demande du syndicat STPFF qui réclame la conclusion d’un accord d’entreprise. Il faut se souvenir que lors des NAO du mois d’avril dernier, une demande de rétablissement de la prime Roro avait déjà été déposée par l’intersyndicale CGTM, CFDT, et à cette demande, le président Trétout de GEMO avait répondu que, comme d’autres revendications : (la méthode de calcul de la prime de rendement, la révision du salaire de base des chauffeurs de cavaliers, la prime de polyvalence…) cette demande serait examinée dans le cadre d’une procédure de révision de la convention collective de la manutention portuaire du port de fort de France.
L’idée du patronat était de dire puisqu’on va se trouver dans le cadre de la révision de la convention collective l’entreprise GEMO pourra également se prévaloir du même droit que les syndicats ouvriers et donc à son tour, ajouter ses propres questions à la discussion.
Donc en acceptant de lancer les discussions sur la révision de la convention collective, simultanément le patronat du port a introduit un document intitulé : « projet du syndicat des manutentionnaires de navires et employeurs d’ouvriers dockers du port de FdeF.
Ce que dit ce document et qui a entrainé l’ire des représentants des syndicats ouvriers, c’est qu’il remet en cause les textes de l’actuelle convention collective. Notamment : en introduisant une nouvelle lecture des qualifications, la polyvalence obligatoire, ou encore une plus grande flexibilité des horaires de travail des salariés dockers.
C’est à partir de là que tout a chaviré, car d’emblée les patrons ont fixé leurs conditions pour engager la discussion sur le versement de la prime Roro en disant: « pas de prime Roro sans contrepartie » !
Et c’est précisément cette « contrepartie » qui a tout fait capoter car la demande du patronat est inacceptable selon les syndicats ouvriers.
Dans les échanges de couloir, bien que certains manutentionnaires aient exprimé leur volonté de fumer le calumet de la paix, il semble bien que c’est le président de GEMO qui décide car c’est lui qui a durci le ton en renvoyant tout le monde la prochaine réunion de travail qui aura lieu mardi matin.
Une chose est certaine, c’est qu’à cet épisode de vendredi soir où Traitout a fait le matamore, hé bien du coup, il a rapproché les organisations syndicales qui n’étaient pas parties prenantes au conflit lancé par le STPFF et une intersyndicale s’est constituée.
Jusqu’à cette heure, bien qu’aucun syndicat n’ait appelé à la grève, il existe néanmoins une ambiance de mécontentement sur le port qui risque de s’amplifier dans les jours à venir si une réponse n’est pas donnée à la revendication des ouvriers dockers désormais unis.
L’étau se resserre sur le patronat du port de Fort de France