Rapport introductif du secrétaire générale de la CGTM

par | Juil 9, 2024 | Éditoriaux 2024

Camarades,

C’était il y a très exactement un mois jour pour jour, 9 juin 2024, Macron annonçait la
dissolution de l’Assemblée Nationale. Constatant le résultat aux élections européennes du
Rassemblement National, le parti de Marine Le Pen, il a fait le choix « de redonner la parole
au peuple » selon son expression. Et donc, des élections législatives anticipées se sont
déroulées au cours du dernier week-end de juin et le premier week-end de juillet.

En Martinique, et plus largement aux Antilles, avec une abstention de 69% au 1er tour et
67.30% lors du 2eme tour, on peut dire qu’une grande majorité des travailleurs se sont
désintéressés des élections législatives anticipées de Macron. «Sé toujou memm bagay la,
yo ka fè anpil pwomes. E an fwa yo éli, yo ka blié sa yo té pwomet la. Sanmdi, man péké
voté, man ka rété lakay mwen. Mwen pa anvi ped tan mwen.

Cela traduit le sentiment de désillusion qui habite une partie importante des familles
ouvrières, des jeunes sans emploi, des femmes employées à temps partiel, des retraités
des carrières agricoles, nos collègues, nos frères, nos soeurs qui sont confrontés aux
grandes difficultés quotidiennes ! Et au nom desquelles et avec lesquelles nous devons
continuer de mener nos combats de façon collective. Cette abstention massive traduit aussi
parmi nous un certain dégout devant les reculs enregistrés par nos causes ouvrières ces
dernières années : retraites, salaires bloqués, cadences de travail augmentées. Elle traduit
même un certain découragement par rapport à la nécessité de continuer à entrainer nos
collègues et camarades pour résister aux attaques directes ou sournoises du patronat.
Parmi les travailleurs qui ont pris par part aux votes, nombreux étaient ceux qui craignaient,
à juste titre, la politique de division et de régression sociale portée par le Rassemblement
national.

Les trois députés déjà en poste ont fait campagne en se réclamant du Nouveau Front
Populaire. Ils ont été largement réélus. Le NFP est une coalition mise en place par les grands
partis de Gauche en France à l’issue des résultats des élections européennes pour barrer
la route à la montée du Rassemblement national. Certains de ces partis ont pourtant eu
l’occasion de faire leur preuve contre le monde du travail. C’est le cas du PS de Hollande
avec son CICE ou la loi travail, pour ne citer que lui ! Ils ont surtout contribué à une certaine
démoralisation des travailleurs après avoir créé des illusions !

Dans la circonscription de Fort de France, la candidate du PS, Béatrice Bellay a créé la
surprise en mettant à l’écart le député sortant PPM, Johnny Hajjar. Pour autant, les deux
candidats se réclamaient tout deux du NFP et ont affiché peu de divergences politiques.
Elle ne sera en mesure de faire ni plus ni moins que ses prédécesseurs.

En France hexagonale, les différentes alliances dites de « l’arc républicain », c’est-à-dire
allant des Républicains aux Insoumis et le résultat des urnes ont donné la victoire au NFP.
Elles ont permis aussi le sauvetage des Macronistes et alliés, et ont placé le Rassemblement
national en 3eme position.

Pour une partie des travailleurs, la victoire du Nouveau Front populaire est un soulagement.
Pour d’autres, ce serait même une source d’espoir d’amélioration des conditions de vie et
de travail des masses populaires en raison des promesses déroulées durant la campagne !
Mais sauf une explosion sociale venant des travailleurs, ce soulagement risque d’être de
courte durée.

Quant aux espoirs, il faut tout simplement savoir que le contexte de crise, de guerres sur
fond d’augmentation des rivalités entre capitalistes de menace de crise financière ne
change pas au lendemain d’élections ! La crise économique continuant de s’approfondir, il
y a toutes les chances que la pression patronale se poursuivra avec des licenciements, des
blocages de salaires, la hausse des prix, les difficultés croissantes des petits commerçants,
des petits agriculteurs et entrepreneurs. Quelle que soit sa composition, le gouvernement
de juillet 2024, y compris avec des ministres issus de la Gauche, se trouvera comme ces
prédécesseurs face aux exigences du capital. Quant au soi-disant barrage du RN, il n’en
n’est pas un ! Le poids politique de ce parti d’extrême droite n’a jamais été aussi élevé. ll
peut encore se renforcer des déçus du Nouveau Front populaire.

Alors camarades ! Si certains dans nos rangs ont ressenti un soulagement à l’issue des
résultats de ces élections législatives anticipées, on peut les comprendre ! Mais l’heure
n’est pas au relâchement et à l’attente passive de jours meilleurs !

Rien de bon pour nous ne peut sortir de la situation actuelle si les travailleurs ne retrouvent
pas le chemin des luttes collectives. S’ils ne retrouvent pas la conscience qu’ils ont la force
de s’affronter aux intérêts de la grande bourgeoisie, sans se faire des illusions sur un
quelconque sauveur suprême qui n’existe pas.

Bien au contraire, plus que jamais, nous avons à continuer de comprendre la situation, à en
discuter avec nos collègues de travail pour ne pas nous bercer d’illusions. Il nous faut
travailler à combattre le relâchement et la dispersion de nos forces. A renforcer la
conscience que nous, travailleurs des hôpitaux, de l’agriculture, du bâtiment, de la Deal,
d’EDF, des secteurs sociaux, occupons une place toujours primordiale dans cette société.

Oui, il nous faut toujours avoir la conviction que le seul changement véritable viendra des
luttes collectives et déterminées des travailleurs et surement pas d’un sauveur suprême, ni
en France, ni chez nous !

Merci de votre écoute.

 

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